Alors qu'un certain nombre d'inutiles au monde ou de carrément nuisibles continuent de couler des jours tranquilles, notre copain a été contraint à l'abandon, lui qui avait relevé plusieurs défis à sa manière et qui laisse derrière lui un sillon plutôt droit et propre.
Devant une injustice comme celle là, certains se réfugient dans la religion, d'autres dans le pinard, d'autre encore dans la colère, le militantisme, l'action humanitaire, le silence, la folie parfois...
Je crois qu'il aurait préféré qu'on se réfugie dans la vie comme elle va, en essayant de la faire aller un peu mieux.
Vu ce qu'il a fait, comment il était avec les gens qui l'ont croisé, sa mesure et ses excès, nous allons garder de lui l'image que nous avions et qui allait plutôt bien du temps qu'il était vivant.
Ce sera une manière de garder son souvenir aussi vivant que possible.
C'était un animateur, au sens noble. Il essayait d'animer, ç'est à dire de donner une âme (anima) aux gestes et aux choses.
Nous entendons encore sa manière de "caller" les danses dans les bals de la Fuse ou les ateliers et qui sonnait à la fois un peu autoritaire mais surtout soucieuse de faire réussir, jamais un reproche à ceux qui n'y arrivent pas, mais toujours des encouragements répétés. C'est comme ça que nous nous représentons l'instituteur qu'il a du être.
Nous souhaitons simplement ajouter une dimension essentielle: celle de la tolérance, au delà de la formidable dernière leçon qu'il nous a donnée à tous, l'instit hors des sentiers battus.
Il était tout à la fois très conventionnel dans cette manière de diriger les choses, de parler de sa famille, de sa fille, et parfaitement à côté de la convention par son choix de vie.
Quand il s'est agi de reprendre la présidence de la Fusinguette, il n'y avait pas de meilleur candidat.
Ca a été comme une sorte d'évidence pour tout le monde. Il y mettrait de la responsabilité, de la mesure, de la volonté, de l'envie...
Tous ceux qui le pleurent ont de quoi se souvenir de lui, c'est ce qui rassure un peu. Il y a matière à mémoire et matière, pour sa fille et son compagnon, à fierté au delà du chagrin.
Voilà notre petit film personnel
Francis et Nadine Lorin